Tableau de Cesar Andrade
César Andrade


…Ligne droite et point, ce qu’il y a de plus élémentaire en géométrie, sont donc au principe de la distribution des clous dans le plan de l’œuvre. Il en découle un art, à la fois de l’ordre et du discontinu, un monde où les pleins et les vides sont d’égale valeur et s’offrent aux manipulations. Brisant souvent l’orthogonalité par la diagonale ou l’oblique, César Andrade tire de ce discontinu des effets inattendus. C’est ainsi qu’il lui arrive de rompre la monotonie des séries linéaires de clous par des changements fréquents de l’intervalle pris pour référence, ceux-ci étant toujours obtenus par un calcul sur des nombres entiers. Les interventions peuvent parfois relever d’une rythmique conçue dans un esprit strictement géométrique. Elles transforment alors la surface de l’œuvre en une grille dont les structures complexes laissent percevoir les influences conjuguées du néoplasticisme de Mondrian et de l’Art Optique de Soto, le maître du cinétisme vénézuélien. C’est ce dernier que l’on devine encore à l’horizon des interventions guidées, dans une certaine mesure, par le hasard. Dans ce cas, on parlera de zones de densités différentes, où les clous, en tant qu’unités discrètes, donnent l’impression ici de s’éloigner les uns des autres, là de résister à la dispersion et au désordre. L’espace en devient vivant, pris qu’il est dans un jeu infini de dilatations et de contractions. Mais la tension qui le parcourt sera encore plus sensible dans des œuvres où les clous sont plantés alternativement à l’équerre et de biais. En effet, leurs alignements, formellement parfaits, y sont empreints d’une espèce de frénésie, d’agitation chaotique, à un point tel qu’il n’est plus possible de penser l’ordre et le désordre séparément….

                                                                                                                        Fernand Fournier, Mai 2010


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