…Très
logiquement Marion Franzini a fait le choix d’un
chromatisme tout en légèreté et a refusé les empâtements
qui font disparaître le support. Ses toiles nous
transportent au premier matin du monde quand les
couleurs avaient encore la fraîcheur des commencements
et, pourrait-on dire, leur innocence. Aucune agressivité
perceptible dans les tons employés par l’artiste :
l’orangé, le rose tendre ou saumoné, le blanc laiteux,
le vert d’eau et le bleu d’opale sont comme des appels à
résister à la brutalité des temps. La touche s’accorde
pleinement à la douce luminosité de ces couleurs. Elle
est caressante, et le grain de la toile qui s’en trouve
magnifié s’éveille à une vie nouvelle. Marion Franzini
tient à garder ce contact intime avec la toile ou le
bhakti dont parfois elle se sert. Pour elle le support
matériel fait partie de l’œuvre au même titre que la
picturalité. C’est ce principe qui a conduit l’artiste à
laisser le support s’exprimer dans des effets localisés
qui ne doivent rien à l’intervention de la main. Il y a
là une sensibilité très moderne à l’endroit de la
surface, que Marion Franzini partage d’ailleurs avec son
époque. Mais ici, reconnaissons-le, cette sensibilité
répond en outre parfaitement aux intentions profondes
qui commandent son travail. Fernand Fournier, Paris Juin 2007 |