[…].ce
travail
vise à faire apparaître des ombres, comme en contrepoint
sur un châssis qui se tenant a quelques distance de la
plaque et derrière elle, un châssis vierge et
entièrement blanc où vont se produire toutes les magies
de ces œuvres étonnantes. Chaque œuvre est donc double.
Il y a au premier plan la plaque de plexiglass qui
supporte l’œuvre et au second plan, deux ou trois
centimètres de vide après lesquels il y a le châssis,
qui a une fonction déterminante, puisque c’est sur ce
plan- là que se place les jeux d’ombre, et de lumière
dans les parties sablées et non sablées où se joue
l’essentiel . Suzuki est un véritable japonais. Il a
compris l’importance de l’ombre au Japon. Dans les
maisons japonaises, il a compris les raffinements de la
lumière douce sur les choses du monde quotidien. On
pourrait dire que ce sont des « stratifications »
d’ombres. Le beau n’est pas une substance en soi, mais
rien qu’un dessin d’ombres, qu’un jeu de clair-obscur
produit par la juxtaposition de substances diverses
comme le dit Tanizaki .Les japonais apprécient les
effets de la patine. Dans les jardins, ils ménagent des
bosquets ombreux. Ils aiment l’opacité des cristaux de
roche, les surfaces semi-translucides qui absorbent la
lumière du soleil, et renferment une clarté indécise,
comme un songe. Fernand
FOURNIER, Mai 2014,Paris |