…Mais on n’accède pas
d’emblée à l’intimité la plus secrète des paysages, car
ils se défendent. Ils ont, pourrait-on dire, leur
pudeur, quelque chose d’indéfinissable, un détail qui
rend chacun d’eux, énigmatique, mystérieux, propice même
à l’interrogation métaphysique : dans celui-ci, c’est la
ramure noire et fantasque d’un arbre, dans celui-là, ce
sont quelques galets rassemblés on ne sait comment dans
le lit d’un cours d’eau, ailleurs, ce sera un toit rouge
qui détonne au milieu des autres maisons du village, ou
encore le tronc d’un arbre qui s’enlève avec ses coulées
mauves sur l’ombre épaisse d’un fourré. Si le
photographe, qui semble tenir, lui, au panorama,
n’accorde à ces détails que leur juste place dans
l’économie de sa représentation du réel, il en va
autrement pour le peintre dont l’œil averti voit
toujours en eux un motif voluptueux dont il faut épuiser
les possibilités en libérant sur lui toutes les énergies
de la matière picturale. De là, chez Vincent Vallois,
cette magie des couleurs en travail, à la recherche
d’une lumière d’Orient pour envelopper les choses
peintes, et dans laquelle l’intimité du paysage pourra
alors s’offrir à l’artiste et à qui prendra le temps de
la contemplation ; instant fugitif de bonheur que celui
où se redécouvre un Eden que l’on croyait perdu. |