…Mais
ces temps d’arrêt, ces suspensions du discours ne sont
pas simplement des figures de l’éphémère et l’expression
chez le peintre d’une sensibilité à la ruine. Ils
révèlent aussi que le monde pour Hachiro Kanno ne
possède pas la stabilité inconditionnelle d’une
substance, qu’il est toujours dans l’entre-deux d’une
disparition et d’une apparition. La calligraphie qui
intervient dans ces mêmes œuvres y fait écho par la
façon singulière dont l’artiste l’emploie. Ici, en
effet, il ne s’agit plus seulement, en suivant la
tradition, de fixer dans la plastique d’une écriture les
fulgurations de la pensée. Les signes, parce qu’ils sont
tracés à la poudre de nacre, ont acquis une propriété
nouvelle et un sens nouveau. Ils peuvent devenir, sous
les caresses d’une lumière changeante et mobile, soit
pleinement visibles soit invisibles, offrant au regard
le miroitement infini de leurs arabesques presque
irréelles,… Fernand Fournier, février
2009 |