…Chez Dominique Binet, elle
aura dès lors pour caractéristique de faire chanter la
dialectique spatiale de la droite et du plan, mais
jamais la courbe qui, trop voluptueuse à ses yeux, garde
toujours quelque chose du monde matériel et limite la
création. De cette époque date la disparition du cadre
et de la toile traditionnels, remplacés depuis par des
structures en bois complexes qui mettent les œuvres
achevées à mi-chemin entre le tableau mural et la
sculpture. Quand la toile intervient, ce n’est à présent
que marouflée sur bois pour donner du grain à certaines
surfaces et inviter l’œil à rêver d’un toucher…. …Le rythme ne peut donc
surgir que d’une transgression de celle-ci par la
couleur ou/et par une nouvelle division de la surface,
c’est-à-dire par la médiation active d’une subjectivité.
Il s’agira alors pour l’artiste de faire en sorte que
les différents tons d’une même couleur trouvent leurs
places et se mettent à danser. Si une deuxième couleur
intervient, ce qui arrive parfois, elle agira dans ce
cas en solitaire, pour ajouter à la danse un effet de
rupture, quelque chose comme une syncope, ou, à la façon
d’un point d’orgue, pour réveiller une mer de bleu ou de
carmin par trop étale…. Fernand Fournier, Juin 2011 |