…L’audace de Julien Gudea, ici fidèle à une inspiration dadaïste et surréaliste, est de vouloir aller, par-delà leurs simulacres, aux objets eux-mêmes, pour en faire surgir le merveilleux dont ils sont chargés. Le procédé adopté par l’artiste pour y parvenir consiste à faire naître l’œuvre en décalant les caractéristiques esthétiques de l’objet qui sert de référent, sans que jamais cependant celui-ci ne soit rendu méconnaissable. Les écarts sont calculés. Ils portent sur la forme, qui devient souvent archétypale, sur la taille, où l’absurde peut le disputer au monstrueux (l’allumette, la perceuse), sur les couleurs, qui jaillissent alors avec une crudité sauvage, évoquant le chromatisme criard dont on use parfois pour les jouets d’enfants et la peinture des bateaux. Pour le matériau, l’écart est carrément rupture, Julien Gudea ayant choisi d’employer l’élastomère…. …. Ce sont en effet des œuvres dans lesquelles ces objets, à peine effleurés du regard par le consommateur pressé, redeviennent ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être : une surprise pour les sens et un enchantement ; mais aussi l’occasion d’un étonnement devant la puissance créatrice infinie de l’homme….
Fernand
Fournier, Paris/Crotone Juin 2007 |