…Cette démarche trouve son
origine dans une pratique du nomadisme qui fut d’abord
propre à l’artiste. Il s’agissait pour lui, en ce
temps-là, de fixer sur un support les traces laissées, à
travers les quartiers de Paris, par sa quête infinie et
aventureuse d’un lieu et d’une âme pour échapper, quand
la nuit avec ses démons s’empare de la métropole, à
l’angoisse de s’enfoncer en solitaire dans les premiers
brouillards du sommeil. Transposée dans le domaine de
l’art, la déambulation prit alors la forme d’un
graphisme sur bristol où resta lisible, comme en
transparence, la configuration générale de la ville.
Gîtes aux lendemains incertains, obtenus au hasard de
rencontres et sans promesse de bonheur, ou refuges
accueillants et presque maternels, tous furent sur la
carte indiqués, non par une simple marque, ce qui aurait
été trop discret, mais par un trait coloré de longueur
variable figurant la rue concernée. Créations d’une bohème
effleurée par une ombre de mélancolie, ces œuvres
invitaient le regard à l’errance. La ville y perdait son
évidence familière et basculait dans le monde imaginaire
de l’étrange. Elle devenait une sorte de labyrinthe aux
détours inextricables, et dans lequel l’œil pouvait
s’inventer des parcours non seulement physiques, mais
aussi et surtout psychiques ;… Fernand Fournier, mars 2012 |