…Les toiles de Violette
mettent précisément en scène cette difficulté même qui
n’a rien à voir avec une quelconque maladresse enfantine
des gestes. Ce qui y est raconté, c’est la lente
émergence d’un monde qui, réduit à des traces, était
jusqu’alors maintenu dans les ténèbres. De là vient que
certains traits, dessins ou graffiti, à la mine de plomb
ou au stylo-gouache, certains barbouillages colorés, ont
encore une présence indécise, comme s’ils étaient
enveloppés d’une brume épaisse, tandis que d’autres
semblent en être sortis et s’avancent vers nous dans la
pure lumière de midi. Tous donnent le sentiment d’avoir
été tirés de la nuit primitive et de l’oubli, mais à des
moments différents, et en ayant opposé des résistances
inégales. C’est le cas, en particulier, des
représentations fort allusives de volumes géométriques
saisis dans une perspective sauvage : corps quasi
immatériels, en état d’apesanteur, véritables formations
de compromis que l’on imagine facilement immobilisées à
la frontière entre deux univers antagoniques Bien
entendu, pour obtenir ces effets de profondeur,
l’artiste exploite ici le jeu des transparences, dans
lequel excelle la peinture à l’huile ; il serait,
cependant, plus juste de dire que l’on a affaire à un
usage original du « repentir », qui consiste à laisser
apparaître, comme en surimpression, les corrections
successives qui témoignent des progrès de l’enquête. … Fernand Fournier, Mars 2008 |