Tableau de Keshav Malla
Keshav Malla


[…]Si la composition en réseau est maintenue, elle prend ici un sens ontologique. Serions-nous devant un fragment de tissu organique parcouru de nerfs ou de plissements, sillonné de rides ? Devant la chair frémissante du monde ? Devant la dentelle délicate des nervures d’une feuille ? On ne saurait dire exactement, sinon que l’on a le sentiment d’être en présence d’une matière vivante, foisonnante capable d’étendre et de multiplier à l’infini ses structures. Ce qui importe aussi, c’est que le regard plonge dans cet enchevêtrement et cherche un repos qu’il ne trouve pas.

Dans le tableau de la Renaissance, le point de fuite organisait la vision ; le regard pouvait s’y arrêter pour jouir d’un infini entrevu dans une métaphore. Ici l’errance labyrinthique n’a pas de terme puisqu’il n’y a pas de centre. On entreprendrait en vain un dénombrement de tous les trajets possibles, d’autant que de nouvelles bifurcations peuvent à tout instant surgir ; il n’empêche que la tentative n’est jamais abandonnée.

Dans ces œuvres, le labyrinthe offre à la perception l’occasion d’une expérience limite et contradictoire de l’infini. Souvent associé par la tradition à l’obscurité, il dit à sa façon ce qui était pris en charge dans les œuvres précédentes, par le rapport clair/obscur.[...]

Fernand Fournier, Paris, 2003

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