Les œuvres de Ode Bertrand appartiennent à la tendance la plus rigoureuse de l’abstraction, celle qu’il est convenu depuis Théo Van Doesburg d’appeler « art concret »mais dont l’origine remonte à Mondrian, Kupka et Vantongerloo. Comme en réponse à ceux qui pourraient soutenir que l’art concret a épuisé ses potentialités, l’artiste montre avec éclat par ses travaux, qu’un certain ascétisme revendiqué dans les moyens d’expression, loin de nuire à la création, lui ouvre des voies nouvelles. Les œuvres présentées conjuguent avec bonheur la rationalité du langage formel de la géométrie avec les valeurs austères du blanc et du noir. L’harmonie obtenue est telle qu’on pense immédiatement à lui donner un sens métaphysique. L’erreur serait pourtant d’y voir la marque de cette inspiration parménidienne, insensible à la dynamique des contradictions, et que l’art construit a parfois tendance à défendre. L’art de Ode Bertrand n’en a pas le caractère olympien. Il se nourrit de la violence d’antagonismes chromatiques et formels qui, du fait de leur radicalité même, méritent d’être interrogés…. Fernand Fournier, Mai 2003 |